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LES FLAGELLANTS

la course ; que l’Étal soit dans un boudoir somptueux, meublé de ruines successives, ou dans un garni fuligineux, squalide, c’est une question de prix, voilà tout : il n’y a que l’enveloppe qui diffère.

Dans les grands quartiers, le cochon à la vitrine des charcutiers, les jours gras, ou à la Noël, paré de bouffettes de rubans et de fleurs artificielles, est absolument le même que celui qui s’étale modestement accroché à un clou à la porte des charcutiers des quartiers ouvriers.

C’est toujours du cochon.

C’est un problème qui n’a jamais été résolu. Pourquoi les femmes d’aujourd’hui s’ennoblissent-elles toutes et ne se nomment-elles pas comme autrefois, simplement : Caroline, Marie, Rose ou Joséphine ? Moi, je pense que c’est pour faire croire qu’elles sont toutes filles de cinq louis.

La grande cocotte n’est donc autre chose que la fille de la rue, elle a eu plus de veine ou plus d’audace que ses congénères, condamnées à perpétuité au boulevard, à l’hôpital, au souteneur, à Saint-Lazare ou à la morgue, mais toujours même ignominie, même sottise, mêmes goûts, mêmes passions, mêmes origines, la loge d’un concierge ou l’arrière-boutique d’un savetier.

Celle de la rue a pour souteneur un voyou qui la vole et la rosse, celle de la haute a un rastaquouère