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LES FLAGELLANTS

ment fait construire un palais, boulevard Bineau, à Neuilly, au fond d’un grand parc, planté de ces magnifiques arbres qui faisaient le bonheur du roi Louis-Philippe, elle a fait édifier un immense hall. C’est le garde-meubles, car la maison est machinée comme la scène de l’Opéra, et peut, au gré du client, se transformer de cinquante manières différentes.

Ainsi, pour le comte de B…, tous les quinze jours, l’appartement du rez-de-chaussée est transformé en salle de pensionnaires : aux murs on accroche des cartes géographiques, puis un grand tableau en bois noir sur lequel sont tracées à la craie des formules algébriques, sur un guéridon est placée une énorme mappemonde, la salle est garnie de cinq rangées de pupitres et d’autant de bancs de bois, placés de façon à ce que l’on puisse circuler entre eux.

Dans le fond de la pièce,à gauche du tableau, est placée une chaire élevée de trois marches, le bois en est masqué par une épaisse draperie en velours grenat frangée d’argent sur le devant de la draperie, et, bien en vue, des verges, une férule et deux martinets sont accrochés.

La patronne (nommons-la Sarah), huit jours avant la date fixée pour la séance, se met en campagne pour recruter des pensionnaires ; c’est une