Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
115
ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

vulgaires, transfigurées par le pied mignon de la rutilante déesse que l’on n’avait aperçue que jus que là au bois, au fond d’une loge ou d’un boudoir, toujours fuyante, toujours indécise, toujours dépoétisée dans son costume par les grotesques exigences d’une civilisation maussade ; la saisir enfin, la tenir sous le feu de sa lorgnette sans qu’elle puisse échapper cette fois, dévorer les ailes blanches, cette jambe fine,faire le tour de ces beautés secrètes, et mordre à bouche que veux-tu dans ce fruit si longtemps interdit, c’était évidemment une de ces joies incomparables, une de ces joies sans seconde, qui marque dans la vie d’un homme un de ces régals que l’on n’ose espérer, auxquels on ne peut croire même quand on les tient dans la main.

Depuis plus de quinze jours il n’aurait pas fallu parler à ces hommes intelligents, ou de la Prusse ou de la question d’Orient, ou de la lettre de l’Empereur, ou du prix du pain, ou de l’autorisation préalable abolie en matière de journaux, ou de Galilée, ou de Don Carlos ; Cora Pearl ! Cora Pearl ! ils ne voyaient que Cora ! Ils n’entendaient que Cora. Sa visite au directeur, cette détermination prise brusquement par elle, et sans que rien présageât un tel événement d’aller faire l’amour en public, là, sous le feu de la rampe et d’arborer le costume traditionnel, et de chanter le couplet, et