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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

La bonne en fut quitte pour laver le tapis avec une éponge.

Voilà la femme que Alexandre Dumas fils poétisa dans un roman célèbre, à tel point que, quand elle mourut, ce fut presque un événement public. Toutes les dames de la haute aristocratie visitèrent son appartement, et lorsqu’on vendit son mobilier aux enchères publiques, il fut vendu plus de quatre fois sa valeur.

Le proverbe ancien qui dit que la vertu et la réputation ne tiennent qu’à un fil, est extrêmement juste, tous les jours on en voit la preuve : en amour, en politique ou en littérature ; tel, obscur la veille, est célèbre le lendemain ; la gloire est une fumée, dit un autre proverbe, mais c’est une fumée qui enivre et saoule les plus sobres.

Nina la Bouillabaisse en est la preuve flagrante. Ce surnom indique une Marseillaise. Elle fut débauchée par un agent de change, qui, lorsqu’il en eut assez, l’envoya à Lyon à un de ses amis notaire. Ce dernier, en raison du scandale qu’elle causait, l’envoya à Bordeaux au curé d’une des principales églises ; le prêtre, effrayé des exigences de Nina qui aurait mangé le Tabernacle, l’expédia par l’express à un de ses amis, avocat à Paris. Une fois « dans nos murs », elle n’eut plus besoin de recommandations, elle fut vite en vogue, grâce à