Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/187

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

Ses débuts n’avaient point été banals.

Fille d’un riche meunier d’Étampes, elle fit un jour à l’assemblée (fête d’un village voisin) la connaissance d’un commis de la région. Comme bien on pense, le rat de cave lui fit une cour assidue. C’était pour lui une triple aubaine : elle était jeune, belle et riche.

La demande en mariage au père, il n’y fallait pas songer. Elle eut alors une idée originale.

— Enlevez-moi, lui dit-elle.

Le lendemain, elle avait fait ses préparatifs de départ. Ils se rendirent isolément à la gare d’Étampes et prirent chacun un billet pour l’express de Bordeaux.

L’express arriva en gare ; comme il n’y stationnait qu’une minute ou deux, ils durent sauter dans le premier wagon venu.

C’était un wagon de première classe.

Dans un coin, était installée une vieille dame qui lisait la Gazette de France.

Aussitôt le train en marche, le jeune homme la salua poliment, et lui tint ce langage :

– Madame, j’enlève mademoiselle ; il est certain que ses parents vont s’apercevoir de sa fuite et qu’ils vont télégraphier au commissaire de police d’Orléans, nous allons être infailliblement arrêtés. Comme nous voulons nous marier,je vais l’épouser