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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

» Ce que le domestique appelait une monomanie, parce qu’il ne comprenait pas, était tout simplement une passion spéciale : le marquis se préparait dans une pièce voisine, et le coup de pistolet : finis coronat opus ! »

A… D…, depuis plus d’un grand mois, c’était une constance rare chez le prince Paul Demidoff ; il poursuivait cette belle fille de ses assiduités ; elle résistait, ce qui était un phénomène anormal, car elle n’était pas dure, au moins moralement. Plus le prince était pressant, plus elle était dédaigneuse ; elle le traitait comme un commis des magasins de la Samaritaine. Il en rageait et ne savait plus quoi imaginer, car il avait usé de tout : cavalcades, festins, offres, cadeaux, rien n’y faisait, elle était la mer de glace.

Pourtant un jour elle capitula, sans doute en vertu de l’axiome émis par un célèbre général : place assiégée est bientôt prise ; elle capitula avec les honneurs de la guerre.

Ce jour-là, une fille en vogue donnait, à l’occasion de sa fête, un souper monstre dans son coquet appartement de la rue Royale. La crème de la haute gomme y était conviée, le prince et Mlle A… en tête. Le souper fut éblouissant, naturellement. À table, le prince était placé à côté d’elle ; il était plus pressant que jamais, comme disait Hortense.