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LES FLAGELLANTS

à son domicile officiel. Comme elle se méfiait avec juste raison de la propreté de Colbrun, elle fit préparer un bain, et ils se plongèrent ensuite dans la baignoire. Ils y étaient depuis cinq minutes, à peine, lorsque tout à coup retentit un magistral coup de sonnette ; presque en même temps apparaissait le prince de G…, le maître de la maison, l’officier payeur.

– Que faites-vous là ? dit-il en fureur.

– Je vous jure, mon ami, répondit Blanche, une fois n’est pas coutume, c’est pour me changer.

Le prince empoigna Colbrun,il le jeta nu, sur le palier ; puis, avant que Blanche n’ait eu le temps de passer une chemise, il lui administra une volée, oh ! mais une volée russe dont elle garda le souvenir pendant plus de six semaines, son corps était littéralement bleu.

Cette aventure touchante la rendit plus prudente, mais n’empêchait pas les petites séances de la rue Rossini.

Blanche était une brave fille pas bégueule ; elle se plaisait à raconter cette histoire de jeunesse :

– « La première fois que je reçus dix louis d’un homme ce fut dans les circonstances suivantes : il n’y avait pas longtemps que j’étais à Paris, et plusieurs fois je m’étais aperçue que j’étais suivie par un monsieur qui me paraissait très bien.