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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

elle se jeta sous un fiacre, croyant qu’un omnibus allait les atteindre.

L’omnibus n’était autre que la boutique d’un pharmacien éclairée de deux bocaux de couleur.

Le préfet était resté, jusqu’à soixante ans, le type le plus parfait du viveur,jeune et élégant ; ce fut lui qui, étant en fonctions, écrivait à la Planaize, la fameuse proxénète :

– J’ai un ami à déjeuner demain, envoyez deux langoustes, mais plus fraîches que la dernière fois.

Les langoustes voulaient dire deux femmes. Le gourmand mentait ; les deux langoustes, c’était pour lui seul !

C’est lui qui fit à une grande dame, la comtesse de P…, cette superbe réponse pour un homme de son âge.

– Comment, vous, monsieur, un grand-père ? lui dit un jour la comtesse.

– Madame, répondit-il, j’ai soixante ans sur mon acte de naissance ; j’en ai quarante-cinq, mais à la veilleuse, je n’en ai réellement que vingt-cinq, je vous le prouverai quand vous voudrez.

L’histoire ne dit pas ce que répondit la comtesse de P…, mais les mauvaises langues, les vipéreuses, prétendent qu’elle contenta la passion du vieux marcheur, passion qui faisait la joie de toutes les pensionnaires des maisons hospitalières de Paris,