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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

C’est assez délicat à raconter ; je vais essayer néanmoins.

Il faut trois personnages pour cette petite fête de famille : un archet, un fil d’archal, un œuf en ivoire et une petite baguette d’ébène.

Les trois personnages ne gardent de leurs vêtements que leurs bas et leurs chaussures ; l’œuf est attaché au fil d’archal au moyen d’un piton en argent ; la soubrette, qui n’est qu’une figurante, à l’aide de la baguette introduisait l’œuf dans l’anus du baron le plus profondément possible, puis elle prenait entre ses dents l’extrémité du fil, qu’elle tendait fortement. Alors, Adèle, qui remplissait le rôle de virtuose, saisissait l’archet et, comme Paganini, jouait sur une seule corde une fantaisie endiablée ; quand c’était insuffisant, elle entamait un pas redoublé. Le baron, à chaque vibration, se contorsionnait, puis au bout d’un temps plus ou moins long, la vibration avait accompli son œuvre. Un coup d’éponge sur le tapis et le baron s’en allait heureux, au Sénat, où il prononçait un discours énergique et moral contre les causes de la dépopulation de la France.

Adèle, et elle le savait, servait de plastron au baron. Celui-ci n’aimait que les jeunes éphèbes aux cravates bleues et roses qu’il raccrochait dans le passage Jouffroy, galerie d’Orléans et passage de l’Opéra.

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