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LES FLAGELLANTS

— Oh ! non, me répondit-elle, dans un sourire énigmatique, c’est parce que je pense que je vais le revoir et le ravoir, si vous le voulez bien.

— Le revoir, c’est possible, si vous assistez à l’ouverture de la fosse, mais le ravoir, vous ne songez pas à emporter ses ossements, la loi le défend.

— Son squelette, non, mais sa tête.

— Sa tête ?

— Oui, ce n’est pas impossible. Je vous paierai ce que vous me demanderez.

Elle joignit les mains, me pria, me supplia, avec tant d’éloquence et de tendresse, que j’étais ému malgré moi.

— C’est bien, lui dis-je, venez le lendemain du jour fixé pour le relèvement et vous aurez ce que vous désirez. En ramassant les ossements, je cachai la tête dans une touffe de buis et je l’attendis.

Elle fut exacte.

Elle portait au bras gauche un réticule de velours noir. Je lui remis la tête. Elle la prit fébrilement, la couvrit de baisers, malgré qu’elle fût encore saturée de terre, puis elle la cacha dans son sac.

J’aurais bien voulu connaître la fin de cette histoire, mais je ne revis jamais la femme.

— Je vais vous la raconter, cria un jeune croquemort :