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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

Dans un des salons de la baronne (il y en avait plusieurs), il fit la rencontre d’une grande dame de l’Empire, Mme de R… de B…, réputée avec raison pour avoir la cuisse légère.

On l’avait surnommée Madame Sans-Gêne, comme la maréchale Lefebvre, sous le premier Empire. Comme dans les salons, on admirait ses couleurs fraîches, rivalisant avec la pêche, sans qu’elle eût recours aux artifices du maquillage, un soir de gala, à l’Opéra, la comtesse de P…, lui demanda : « Mais, ma chère, comment faites-vous, pour avoir ce teint de lis et de rose ? »

– C’est bien simple, répondit Mme R… de B…, quand je suis habillée, prête à monter en voiture, je me fais fouetter jusqu’au sang, par mon valet de chambre.

– Il doit être bien heureux, le gaillard ?

– Pas si heureux que ça. Mais, quand je suis partie, il peut manger son pain à la fumée.

Elle employait bien ce moyen-là, mais il était précédé d’un plus efficace, que je recommande aux femmes qui ne veulent pas vieillir ; je tiens le procédé d’elle-même, car, malgré la soixantaine sonnée, la beauté de ses formes pourrait lutter avec celles de Vénus ou de Junon ; c’est dur et ferme comme du roc, elle n’a besoin ni de baleine, ni de faux mollets, ni de tétons artificiels, tout est nature,