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LES FLAGELLANTS

des chiens pour leur maître, et surtout pour leur maîtresse.

La baronne d’Ange avait une clientèle d’amis ; les uns et les autres se donnaient l’adresse du n° 16 de la rue Saint-Georges et se recommandaient mutuellement.

Un jour, un pharmacien de province débarqua chez la baronne. Le notaire du pays lui avait dit avant de partir : « Tu t’annonceras comme venant de ma part et tu ne donneras que cinq francs. » Justement, ce jour-là, la pauvre baronne avait eu un accident de voiture ; ses chevaux s’étaient emballés dans les Champs-Élysées et, dans sa chute, elle avait perdu une boucle d’oreille en diamant estimée douze mille francs. Comme elle était très avare, elle était très désolée et furieuse de cette perte. Le brave pharmacien fit demander la baronne et suivit les recommandations du notaire ; mais quand il parla de cinq francs, elle bondit, elle l’appela mufle et lui demanda s’il la prenait pour une vulgaire putain. Le provincial, abasourdi, ne savait que répondre : « Cent sous ! cent sous ! mais c’est une somme. Cela représente un liniment, deux vomitifs, un julep gommeux et un loch. — Non, disait la baronne, dix francs ou rien. On n’offre pas cent sous à une femme qui vient de perdre douze mille