Page:Charles Virmaître - Les Flagellants et les flagellés de Paris.djvu/136

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
3
LES FLAGELLANTS

spé- dans le négoce de la volupté au tarif, le cynisme dans l’affichage, cette apothéose de trois à cinq du vice se profilant sous l’Arc de Triomphe, était d’une commerçante entendue, et même ses émules, même les Phryné qui chantent en allant au bois : « Les lauriers sont coupés, mais le persil verdit toujours », même les jeunes, même les belles admiraient cette confectionneuse habile qui était parvenue à donner à sa marque de fabrique un renom universel.

Elle n’était pas Parisienne. « Lyon est ma première ville natale », écrivait-elle un jour à quelqu’un qui voulait tenir de sa plume, quelques lignes de biographie. Elle s’imposa grâce à ce genre. Son salon, que la police surveillait (bien mal), était un rendez-vous de filles mineures, ses élèves, demoiselles bien élevées, candides, rougissantes, disant, avec un momentané défaut de prononciation : «Ah ! monsieur, si maman savait que je vous fais la cour ! » Elle gagna dans la traite des blanches, des noires, voire même des marrons, une fortune colossale ; sur ses vieux jours, elle s’était offert le luxe d’un jeune mari. Il se montrait avec elle en voiture, à la grande stupéfaction du trottoir, qui pourtant n’est pas bégueule.

La baronne d’Ange avait une infinité de cordes à son arc. C’était une âme sensible, elle aimait les