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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

On ne lui connaît pas d’amants dans le monde ; pourtant elle ne porte pas en ville.

Sa passion est extraordinaire et justifie plus qu’amplement la loi des contrastes.

Après l’Exposition, elle rencontra dans ses promenades quotidiennes un pauvre diable de nègre soudanais qui avait cru, comme tant d’autres, trouver le Pactole à Paris et qui n’y avait rencontré que la misère. Il vendait des olives et des cacahouettes à la terrasse des cafés du boulevard.

D’un noir d’ébène, haut d’un mètre quatre-vingt-dix, il était taillé en hercule. En vous offrant sa marchandise, il esquissait un large sourire qui mettait à découvert une double rangée de dents blanches comme de l’ivoire ; ses deux grands yeux, dont on ne voyait que le blanc, donnaient à son regard quelque chose de satanique.

Elle le suivit plusieurs jours, pas à pas ; tout à coup, le nègre disparut.

Elle explora Paris dans tous les sens avec l’espoir de le retrouver ; au bout d’un mois, elle désespérait, lorsqu’en passant dans son coupé, sur le boulevard Clichy, elle aperçut campé, en tenue de chasseur, à la porte d’un café borgne où se réunissent les bookmakers, le nègre tant désiré ; elle fit arrêter sa voiture et, sans se soucier du public interlope qui composait les consommateurs, elle