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CHAPITRE II


La loi des contrastes. — La femme aux crabes



Tout Paris élégant a connu une jeune femme maigre, sèche et plate comme une limande ; elle a un aspect étrange, indéfinissable, diabolique, elle a l’œil noir et profond comme une caverne, son regard d’acier fait baisser les yeux aux plus audacieux ; elle a une chevelure abondante, noire comme du jais et crépue comme celle d’une négresse. Sa taille est au-dessous de la moyenne, sa toilette soignée fait l’admiration des connaisseurs quand elle passe à pied sur les grands boulevards, les camelots peu respectueux crient :

— Tiens, pige donc, madame Sac d’os.

C’est bien, en effet, un sac d’os, que l’on pourrait compter tant elle est diaphane.

Cette femme, veuve d’un commandant d’infanterie qui avait longtemps habité la Tunisie et l’Algérie, vint à Paris après la mort de son mari ; elle occupe un charmant hôtel dans l’avenue d’Antin.