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ET LES FLAGELLÉS DE PARIS

attendait patiemment ; enfin elle arrivait et commandait trois couverts, puis jetait un rapide coup d’œil sur les filles qui erraient en quête d’un homme, ou à défaut, d’un souper. Quand une lui plaisait, elle la faisait appeler par le garçon et l’ami l’invitait à souper, raison du troisième couvert. La fille, enchantée, flairant une bonne aubaine, se dépensait en amabilité auprès du jeune homme ; quant à la princesse, elle pensait que sans doute c’était la gouvernante. Le souper se passait gaiement, la fille serrait le jeune homme de près ; elle roulait des yeux langoureux, lui pressait les genoux sous la table, ses mains cherchaient à rencontrer les siennes, bref toute la comédie de l’amour. La princesse suivait attentivement toutes les phases de ce travail préparatoire. Au bout d’une demi-heure de ce manège, son regard se transformait ; elle s’agitait fiévreusement sur sa chaise et. se pâmait !

Alors elle sortait cent francs de sa bourse, elle les jetait à la fille en lui disant durement : « En voilà assez, allez-vous-en. » Le jeune homme l’accompagnait à sa voiture, et c’était tout jusqu’à la prochaine séance.

L’imagination chez cette femme remplaçait l’homme.

Ce n’est pas un cas isolé, car le célèbre Tar-