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LES FLAGELLANTS

vieilles familles de la noblesse française, elle pas sait dans son monde pour une détraquée, une déséquilibrée, parce que son état d’âme n’avait pas été approfondi ; c’était simplement une passionnée dont les sens agissaient sous l’impulsion de l’imagination.

La princesse de M… A…, riche à millions, possédait dans la vallée d’Auge d’immenses pâturages. Ses bestiaux avaient une renommée universelle, et leurs produits, lait, beurre et fromages, étaient réputés par les gourmets. Pour les écouler à Paris, elle avait imaginé d’installer, dans les quartiers riches, de coquettes boutiques dallées de marbre blanc, décorées style Pompadour. Chaque fois qu’elle allait en soirée ou à l’Opéra, vêtue de satin blanc, les épaules cachées sous une pelisse de soie couleur cerise, bordée de cygne et doublée d’hermine, en sortant elle allait inspecter ses laiteries, puis elle allait souper dans un grand restaurant de nuit avec son ami.

Cet ami était un jeune ouvrier mécanicien ; elle ne lui donnait jamais d’argent, mais elle le faisait habiller avec le plus grand chic par Laurent Richard.

Le jour où cela la prenait, elle lui donnait rendez-vous au restaurant, dans la salle commune, à une table que le garçon réservait précieusement. Il