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Ainsi, lorsqu’un enfant, dont la langue s’essaye,
Commence à prononcer, fait du bruit et bégaye,
La mère qui le tient a ses sens plus charmés
De trois ou quatre mots qu’à peine il a formés,
Que de tous les discours pleins d’art et de science,
Que déclame en public la plus haute éloquence.


Que ne puis-je évoquer le célèbre Arion,
L’incomparable Orphée et le sage Amphion,
Pour les rendre témoins de nos rares merveilles,
Qui, dans leur siècle heureux, n’eurent point de pareilles !


Quand la toile se lève, et que les sons charmants
D’un innombrable amas de divers instruments,
Forment cette éclatante et grave symphonie,
Qui ravit tous les sens par sa noble harmonie,
Et par qui le moins tendre, en ce premier moment,
Sent tout son corps ému d’un doux frémissement ;
Ou quand d’aimables voix, que la scène rassemble,
Mêlent leurs divins chants et leurs plaintes ensemble,
Et par les longs accords de leur triste langueur,
Pénètrent jusqu’au fond le moins sensible cœur ;
Sur des maitres de l’art, sur des âmes si belles,
Quel pouvoir n’auraient pas tant de grâces nouvelles


Tout art n’est composé que des secrets divers,
Qu’aux hommes curieux l’usage a découverts,
Et cet utile amas des choses qu’on invente,
Sans cesse, chaque jour, ou s’épure, ou s’augmente ;
Ainsi, les humbles toits de nos premiers aïeux,
Couverts négligemment de joncs et de glaïeux,