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Le mélange discret du silence et du bruit,
Et de mille ressorts la conduite admirable
Enchantent la raison d’un plaisir ineffable.


Ainsi, pendant la nuit, quand on lève les yeux
Vers les astres brillants de la voute des cieux,
Plein d’une douce joie, on contemple, on admire
Cet éclat vif et pur dont on les voit reluire ;
Et d’un respect profond on sent toucher son cœur
Par leur nombre étonnant et leur vaste grandeur
Mais si de ces beaux feux les courses mesurées,
De celui qui les voit ne sont pas ignorées,
S’il connait leurs aspects et leurs déclinaisons,
Leur chute et leur retour, qui forment les saisons,
Combien adore-t-il la sagesse infinie,
Qui de cette nombreuse et céleste harmonie,
Qu’un ordre, compassé jusqu’aux moindres moments,
Règle les grands accords et les grands mouvements ?


La Grèce, je le veux, eut des voix sans pareilles,
Dont l’extrême douceur enchantait les oreilles ;
Ses maitres, pleins d’esprit, composèrent des chants,
Tels que ceux de Lulli, naturels et touchants ;
Mais n’ayant point connu la douceur incroyable
Que produit des accords la rencontre agréable ;
Malgré tout le grand bruit que la Grèce en a fait,
Chez elle ce bel art fut un art imparfait
Que si de sa musique on la vit enchantée,
C’est qu’elle se flatta de l’avoir inventée ;
Et son ravissement fut l’effet de l’amour
Dont on est enivré pour ce qu’on met au jour.