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Abreuvait les passants dans la place publique.
Tels sont, dans les hameaux des prochains environs,
Les rustiques jardins de nos bons vignerons.


Que j’aime la fraicheur de ces bocages sombres,
Où se sont retirés le repos et les ombres,
Où sans cesse on entend le murmure des eaux
Qui sert de symphonie au concert des oiseaux !
Mais ce concert si doux, où leur amour s’explique,
M’accuse d’oublier la charmante musique.


La Grèce, toujours vaine, est encore sur ce point
Fabuleuse à l’excès, et ne se dément point,
Si l’on ose l’en croire, un chantre de la Thrace,
Forçait les animaux de le suivre à la trace,
Et même les forêts, jusqu’aux moindres buissons,
Tant le charme était fort de ses douces chansons.
Un autre plus expert, non content que sa lyre
Fît marcher sur ses pas les rochers qu’elle attire,
Vit ces mêmes rochers de sa lyre enchantés,
Se poser l’un sur l’autre, et former des cités.
Ces fables, il est vrai, sagement inventées,
Par la Grèce avec art ont été racontées ;
Mais, comment l’écouter, quand d’un ton sérieux,
Et mettant à l’écart tout sens mystérieux,
Elle dit qu’à tel point, dans le cœur le plus sage,
Ses joueurs d’instruments faisaient entrer la rage,
En sonnant les accords du mode phrygien,
Que les meilleurs amis et les plus gens de bien,
Criaient, se querellaient, faisaient mille vacarmes,
Et pour s’entretuer couraient prendre des armes
Que quand ces enragés, écumant de courroux,