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En conserve la grâce et tout le sel attique ;
Du lecteur le plus âpre et le plus résolu,
Un dialogue entier ne saurait être lu.


Chacun sait le décri du fameux Aristote,
En physique moins sûr qu’en histoire Hérodote ;
Ses écrits, qui charmaient les plus intelligents,
Sont à peine reçus de nos moindres régents.
Pourquoi s’en étonner ? Dans cette nuit obscure,
Où se cache à nos yeux la secrète nature,
Quoique le plus savant d’entre tous les humains,
Il ne voyait alors que des fantômes vains.
Chez lui, sans nul égard des véritables causes,
De simples qualités opéraient toutes choses,
Et son système obscur roulait tout sur ce point,
Qu’une chose se fait de ce qu’elle n’est point.
D’une épaisse vapeur se formait la comète,
Sur un solide ciel roulait chaque planète ;
Et tous les autres feux dans leurs vases dorés,
Pendaient du riche fond des lambris azurés.


O ciel ! depuis le jour qu’un art incomparable,
Trouva l’heureux secret de ce verre admirable,
Par qui rien sur la terre et dans le haut des cieux,
Quelqu’éloigné qu’il soit, n’est trop loin de nos yeux,
De quel nombre d’objets, d’une grandeur immense,
S’est accrue eu nos jours l’humaine connaissance !
Dans l’enclos incertain de ce vaste univers,
Mille mondes nouveaux ont été découverts,
Et de nouveaux soleils, quand la nuit tend ses voiles,
Égalent désormais le nombre des étoiles.
Par des verres encor non moins ingénieux,