Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/390

Cette page n’a pas encore été corrigée

À donner à nos yeux ces fameuses conquêtes,
Où le prince lui-même, au milieu des combats,
De son illustre exemple animait les soldats ;
Où, pareil aux torrents qui, tombant des montagnes,
Entrainent avec eux les moissons des campagnes,
Il a, d’un prompt effort, fièrement renversé
Tous les murs ennemis où son cours a passé.
De tant de grands sujets un amas se présente,
Capable d’épuiser la main la plus savante,
Que sans doute étonné de ce nombre d’exploits,
Ta peine la plus grande est d’en faire le choix.


Mais garde d’oublier, quand d’un pas intrépide
On le vit affronter la tranchée homicide,
Qui, surprise, trembla d’un si hardi dessein,
Au moment périlleux qu’il entra dans son sein.
C’est là qu’avec grand soin, il faut qu’en son visage
Tu traces vivement l’ardeur de son courage,
Qui, dans l’âpre danger, ayant porté ses pas,
Le fasse reconnaitre au milieu des soldats ;
Fais-nous voir quand Douai, succombant sous ses armes,
Thérèse y répandit la douceur de ses charmes,
Et de ses seuls regards fit naitre mille fleurs,
Où naguère coulaient et le sang et les pleurs ;
Quand Lille, se voyant presque réduite en cendre
Par le feu des assauts, qui la force à se rendre,
Elle ouvre à son vainqueur ses murs et ses remparts,
Où gronde et fume encor le fier courroux de Mars ;
En ce prince elle voit tant de vertus paraitre,
Qu’elle bénit le ciel de lui donner un maitre,
Qu’au prix de plus de sang elle aurait dû vouloir,
Qu’elle n’en a versé pour ne le pas avoir.