Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/384

Cette page n’a pas encore été corrigée

Que jamais nul pinceau n’osera retoucher
Les beaux traits que le sien n’aura fait qu’ébaucher.
Par mille autres travaux d’une grâce infinie,
La Grèce fera voir sa force et son génie.


Mais, comme le destin veut que de toutes paris,
Habitent tour à tour la science et les arts ;
Que de ses grands desseins la sagesse profonde,
En veut avec le temps honorer tout le monde,
Et dans tous les climats des hommes habités,
Répandre de leurs feux les fécondes clartés ;
Les jours arriveront où l’aimable Italie,
Des arts et des vertus doit se voir embellie ;
Le chantre de Mantoue égalera les sons
Dont l’aveugle divin animait ses chansons ;
Et du conseil romain les paroles hautaines
Feront autant de bruit que les foudres d’Athènes.
Alors éclatera l’adresse du pinceau,
Et l’ouvrage immortel du pénible ciseau ;
Là, de mille tableaux les murailles parées,
Des maitres de votre art se verront admirées,
£t les marbres vivants, épars dans les vergers,
Charmeront à jamais les yeux des étrangers.
Mais à quelque degré que cette gloire monte,
Rien ne peut empêcher que Rome n’ait la honte,
Malgré tout son orgueil, de voir avec douleur
Passer chez ses voisins ce haut comble d’honneur ;
Lorsque par les beaux-arts, non moins que par la guerre,
La France deviendra l’ornement de la terre,
Elle aura quelque temps ce précieux trésor,
Qu’elle ne croira pas le posséder encor ;
Mais quand, pour élever un palais qui réponde