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POËME DE LA PEINTURE.

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Doux charme de l’esprit, aimable poésie,
Conduis la vive ardeur dont mon ame est saisie,
Et, mêlant dans mes vers la force et la douceur.
Viens louer avec moi, la peinture ta sœur.
Qui, par les doux attraits dont elle est animée,
En séduisant mes yeux, a mon ame charmée.
Et toi, fameux Le Brun, ornement de nos jours,
Favori de la nymphe, et ses tendres amours,
Qui seul as mérité par ta haute science,
D’avoir, de ses secrets, l’entière confidence,
D’une oreille attentive, écoule dans ces vers
Les dons et les beautés de celle que tu sers.

De l’esprit éternel la sagesse infinie,
À peine eut du chaos la discorde bannie,
Et le vaste pourpris de l’empire des cieux,
À peine était encor peuplé de tous ses dieux,
Qu’ensemble on vit sortir, du sein de la nature,
L’aimable poésie et l’aimable peinture :
Deux sœurs, dont les appas égaux, mais différens,
Furent le doux plaisir de l’esprit et des sens.
L’aînée eut, en naissant, la parole en partage ;
La plus jeune jamais n’en eut le moindre usage ;
Mais ses traits et son teint ravirent tous les dieux.
Sa sœur charma l’oreille : elle charma les yeux ;