Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/376

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Se retire du vice et du libertinage ;
Par sa bonne conduite, une famille en paix,
A des enfants bien nés et de sages valets ;
Par elle, une maison tombée en décadence,
Voit revivre en son sein l’éclat et l’abondance.

Ce n’est point seulement dans les premiers beaux jours,
Ni dans la jeune ardeur des naissantes amours,
Que d’un heureux hymen se goutent les délices.
Son cours n’est pas moins doux que ses tendres prémices,
C’est un bonheur égal, un bien de tous les temps.

Ah ! combien d’un époux les yeux sont-ils contents,
Quand il voit près de lui, pendant sa maladie,
Une épouse attentive, et qui ne s’étudie
Qu’à prévoir ses besoins et qu’à le soulager.
Et qui pleure en secret dès le moindre danger !
Tout plait d’elle ; il n’est plus de médecine amère,
Dès qu’elle passe à lui par une main si chère ;
Et si le ciel enfin ordonne son trépas,
Sans peine et sans murmure il meurt entre ses bras.

Ainsi s’achève en paix l’heureuse destinée
De celui qu’en ses nœuds engage l’hyménée,
Pendant que le prôneur du libre célibat
Luttant contre la mort, sur son triste grabat,
Confus, embarrassé d’un si pénible rôle,
Voit, l’œil à demi clos, son valet qui le vole,
Et sent, quoiqu’abattu de douleur et d’ennui,
Qu’on tire impudemment son drap de dessous lui.

Si son destin permet qu’un serviteur fidèle