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D’une vertu sincère et d’une tendre ardeur.
À ces dons précieux, si le ciel favorable,
Se plaisant à former un chef-d’œuvre admirable,
D’une beauté parfaite a joint tous les attraits,
Le vif éclat du teint, la finesse des traits ;
Si ses beaux yeux, ornés d’une brune paupière,
Jettent, sans y penser, de longs traits de lumière ;
Si sa bouche enfantine, et d’un corail sans prix,
A tous les agréments que forme un doux souris ;
Si sa main le dispute à celles de l’Aurore,
Et si le bout des doigts est plus vermeil encore,
Faudra-t-il déplorer le sort de son époux ?
Et pourrais-tu le voir sans en être jaloux ?
Il n’est rien ici-bas de plus digne d’envie,
Ni qui mêle tant d’or au tissu d’une vie.
Les malheurs les plus grands n’ont rien d’âpre, d’affreux,
Quand deux cœurs bien unis les partagent entr’eux,
Et le moindre bonheur que le ciel leur envoie,
Les inonde à l’envi d’un océan de joie.

Si, dans la bonne chère un époux emporté,
En dissipant son bien altère sa santé,
Par de sages repas, et sans dépense vaine,
Chez elle adroitement l’épouse le ramène,
Et, retranchant toujours la superfluité,
Le remet pas à pas dans la frugalité.

Si son œil aperçoit quelqu’intrigue galante,
Alors elle se rend encor plus complaisante,
Souffre tout, ne dit mot, tant qu’enfin sa douceur
L’attendrit, le désarme et regagne son cœur.
Par elle, tous les jours, la jeunesse volage,