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Charmé de leur conduite, et si simple et si sage,
Tu te verras contraint de changer de langage.

Peux-tu ne savoir pas que la civilité,
Chez les femmes naquit avec l’honnêteté,
Que chez elles se prend la fine politesse,
Le bon air, le bon gout et la délicatesse ?
Regarde un peu de près celui qui, loup-garou,
Loin du sexe a vécu renfermé dans son trou,
Tu le verras, crasseux, maladroit et sauvage,
Farouche dans ses mœurs et rude en son langage.

Quand le sexe s’oublie, et de tant de façons
Sert de folle matière à de folles chansons,
N’as-tu pas remarqué que de tout ce scandale,
Les maris sont souvent la cause principale,
Soit par le dur excès de leur sévérité,
Soit par leur indolence et leur trop de bonté ?
S’il arrive qu’un jour aux nœuds du mariage,
En suivant mes désirs, ton heureux sort t’engage,
Ne t’avise jamais d’affecter la rigueur.
De vivre en pédagogue, avec trop de hauteur ;
Témoigne de l’amour, du respect, de l’estime,
En mari, toutefois, qui conduit et qui prime.
On a beau publier et prôner en tous lieux
Que le sexe est hautain, qu’il est impérieux,
La femme, en son époux, aime à trouver son maitre,
Lorsque, par ses vertus, il mérite de l’être ;
Si l’on la voit souvent résoudre et décider,
C’est que le faible époux ne sait pas commander.

Il en est, il est vrai, qui, dans leurs mariages,