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Et qu’enfin le beau sexe avec toi rentre en grâce ?
Si tu t’en éloignais par un saint mouvement,
Et pour ne regarder que le ciel seulement,
Te blâmer, sur ce point, serait une injustice,
Et je t’applaudirais d’un si grand sacrifice ;
Mais ce qui t’a jeté hors du chemin battu,
Ce n’est que le caprice, et non pas la vertu.

C’est un ordre éternel, qu’encore toute pure,
Au fond de tous les cœurs imprime la nature,
De rendre à ses enfants le dépôt précieux
De la clarté du jour qu’on tient de ses aïeux.
Heureux ! qui, révérant cette sainte conduite,
N’arrête pas en soi, de soi-même la suite,
Mais se rend immortel au gré de son désir.
Serais-tu bien, mon fils, insensible au plaisir
De voir un jour de toi naître un autre toi-même,
Qui serve l’Éternel, qui l’adore, qui l’aime ?
Qui, lorsque le trépas aura fermé tes yeux,
Après toi, rende hommage à son nom glorieux,
Et d’où puisse sortir une féconde race
Qui, jusqu’au dernier jour, le bénisse en ta place ?

Tu sais, je te l’ai dit, à quoi tendent mes vœux,
Et ce qui peut nous rendre et l’un et l’autre heureux !
Il est, j’en suis d’accord, des femmes infidèles,
Et dignes du mépris que ton cœur a pour elles ;
Mais, si de deux ou trois le crime est avéré,
Faut-il que tout le sexe en soit déshonoré ?
Dans une grande ville, où tout est innombrable,
Comme il est naturel de chercher son semblable,
D’aimer à le connaître, et d’en être connu,