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C’est que je l’avertis d’aller à son ouvrage.
Fort bien, reprit le chat, mais quand sur ton pallier
Tu prends pour femme et ta sœur et ta fille,
Ta mère même, et que dans ta famille,
Sans cesse tu commets mille incestes affreux,
Comment appelles-tu ce commerce honteux ?
Je ne le fais, lui dit la pauvre volatile,
Qu’afin de lui donner un plus grand nombre d’œufs.
Tu sais fort bien, dit le chat, te défendre,
On ne peut pas mieux raisonner ;
Mais las que je suis de t’entendre,
Je n’ai pas résolu de ne point déjeûner.

Quand le cœur une fois se résout à mal faire,
Rien ne saurait plus l’en distraire.


Le Chien, le Coq et le Renard

Le chien, avec un coq, entreprit un voyage,
D’abord, dans un même arbre ils passèrent la nuit.
Le coq monta sur le plus haut branchage ;
Le chien, dans le tronc creux, établit son réduit.
Dès le matin, le coq fit son ramage ;
Aussitôt un renard, de bonne heure éveillé,
Vint à lui, le pria de vouloir bien descendre,
Disant que de son chant, surpris, émerveillé,
Plus longuement il ne pouvait attendre,
Qu’il voulait embrasser l’aimable musicien
Qui venait de chanter, et de chanter si bien.
Le coq, qui reconnut sa louange traîtresse,