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Et quittons sans regret la pompe des Palais ;
Nos cabanes n’ont pas tant de magnificence,
Mais on y trouve avec plus d’innocence,
Un plus ferme repos, une plus douce paix.

Dans son désert à grand-peine arrivée,
Elle reprend et quenouille et fuseaux,
Et va filer au bord des mêmes eaux
Où le Prince l’avait trouvée.
Là son cœur tranquille et sans fiel
Cent fois le jour demande au Ciel
Qu’il comble son époux de gloire, de richesses,
Et qu’à tous ses désirs il ne refuse rien ;
Un amour nourri de caresses
N’est pas plus ardent que le sien.

Ce cher Époux qu’elle regrette
Voulant encore l’éprouver
Lui fait dire dans sa retraite
Qu’elle ait à venir le trouver.

Griselidis, dit-il, dès qu’elle se présente,
Il faut que la Princesse à qui je dois demain
Dans le Temple donner la main,
De vous et de moi soit contente.
Je vous demande ici tous vos soins, et je veux
Que vous m’aidiez à plaire à l’objet de mes vœux ;
Vous savez de quel air il faut que l’on me serve,
Point d’épargne, point de réserve ;
Que tout sente le Prince, et le Prince amoureux.

Employez toute votre adresse
À parer son appartement,
Que l’abondance, la richesse,
La propreté, la politesse