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Tel que le Forgeron qui pressant son labeur
Répand un peu d’eau sur la braise
De sa languissante fournaise
Pour en redoubler la chaleur

Cependant la jeune Princesse
Croissait en esprit et en sagesse ;
À la douceur à la naïveté
Qu’elle tenait de son aimable Mère,
Elle joignit de son illustre Père
L’agréable et noble fierté ;
L’amas de ce qui plaît dans chaque caractère
Fit une parfaite beauté.

Partout comme un Astre elle brille ;
Et par hasard un Seigneur de la Cour
Jeune, bien fait et plus beau que le jour
L’ayant vu paraître à la grille,
Conçut pour elle un violent amour.
Par l’instinct qu’au beau sexe a donné la Nature,

Et que toutes les beautés ont
De voir l’invisible blessure
Que font leurs yeux, au moment qu’ils la font,
La Princesse fut informée
Qu’elle était tendrement aimée.

Après avoir quelque temps résisté
Comme on le doit avant que de se rendre,
D’un amour également tendre
Elle l’aima de son côté.

Dans cet Amant, rien n’était à reprendre,
Il était beau, vaillant, né d’illustres aïeux
Et dès longtemps pour en faire son Gendre.
Sur lui le Prince avait jeté les yeux.