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Dans son Enfant, dans la jeune Princesse,
Elle a mis toute sa tendresse ;
À l’éprouver si je veux réussir,
C’est là qu’il faut que je m’adresse,
C’est là que je puis m’éclaircir.

Elle venait de donner la mamelle
Au tendre objet de son amour ardent,
Qui couché sur son sein se jouait avec elle,
Et riait en la regardant
Je vois que vous l’aimez, lui dit-il, cependant
Il faut que je vous l’ôte en cet âge encor tendre,
Pour lui former les mœurs et pour la préserver
De certains mauvais airs qu’avec vous l’on peut prendre ;
Mon heureux sort m’a fait trouver
Une Dame d’esprit qui saura l’élever
Dans toutes les vertus et dans la politesse
Que doit avoir une Princesse.
Disposez-vous à la quitter,
On va venir pour l’emporter.

Il la laisse à ces mots, n’ayant pas le courage,
Ni les yeux assez inhumains,
Pour voir arracher de ses mains
De leur amour l’unique gage ;
Elle de mille pleurs se baigne le visage,
Et dans un morne accablement
Attend de son malheur le funeste moment.

Dès que d’une action si triste et si cruelle
Le ministre odieux à ses yeux se montra,

Il faut obéir lui dit-elle ;
Puis prenant son Enfant qu’elle considéra,