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Croit tous les soupçons qu’il écoute,
Et prend plaisir à révoquer en doute
L’excès de sa félicité.

Pour guérir les chagrins dont son âme est atteinte,
Il la suit, il l’observe, il aime à la troubler
Par les ennuis de la contrainte,
Par les alarmes de la crainte,
Par tout ce qui peut démêler
La vérité d’avec la feinte.
C’est trop, dit-il, me laisser endormir ;
Si ses vertus sont véritables,
Les traitements les plus insupportables
Ne feront que les affermir.

Dans son Palais il la tient resserrée,
Loin de tous les plaisirs qui naissent à la Cour
Et dans sa chambre, où seule elle vit retirée,
À peine il laisse entrer le jour
Persuadé que la Parure
Et le superbe Ajustement
Du sexe que pour plaire a formé la Nature
Est le plus doux enchantement
Il lui demande avec rudesse
Les perles, les rubis, les bagues, les bijoux
Qu’il lui donna pour marque de tendresse,
Lorsque de son Amant il devint son Époux.

Elle dont la vie est sans tache,
Et qui n’a jamais eu d’attache
Qu’à s’acquitter de son devoir,
Les lui donne sans s’émouvoir
Et même, le voyant se plaire à les reprendre,