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Pour étancher dans le cours de son eau
La soif ardente qui le presse.
Seigneur, attendez un moment,
Dit-elle, et courant promptement
Vers sa cabane, elle y prend une tasse
Qu’avec joie et de bonne grâce,
Elle présente à ce nouvel Amant.

Les vases précieux de cristal et d’agate
Où l’or en mille endroits éclate,
Et qu’un Art curieux avec soin façonna,
N’eurent jamais pour lui, dans leur pompe inutile,
Tant de beauté que le vase d’argile
Que la Bergère lui donna.

Cependant pour trouver une route facile
Qui mène le Prince à la Ville,
Ils traversent des bois, des rochers escarpés
Et de torrents entrecoupés ;
Le Prince n’entre point dans de route nouvelle
Sans en bien observer tous les lieux d’alentour
Et son ingénieux Amour
Qui songeait au retour
En fit une carte fidèle.

Dans un bocage sombre et frais
Enfin la Bergère le mène,
Où de dessous ses branchages épais
Il voit au loin dans le sein de la plaine
Les toits dorés de son riche Palais.

S’étant séparé de la Belle,
Touché d’une vive douleur,
À pas lents il s’éloigne d’Elle,
Chargé du trait qui lui perce le cœur ;