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Contemple les beautés dont son âme est émue,
Mais le bruit qu’il fait en passant
De la Belle sur lui fit détourner la vue ;
Dès qu’elle se vit aperçue,
D’un brillant incarnat la prompte et vive ardeur
De son beau teint redoubla la splendeur,
Et sur son visage épandue,
Y fit triompher la pudeur.

Sous le voile innocent de cette honte aimable,
Le Prince découvrit une simplicité,
Une douceur, une sincérité,
Dont il croyait le beau sexe incapable,
Et qu’il voit là dans toute leur beauté.

Saisi d’une frayeur pour lui toute nouvelle,
Il s’approche interdit, et plus timide qu’elle,
Lui dit d’une tremblante voix,
Que de tous ses veneurs il a perdu la trace,
Et lui demande si la chasse
N’a point passé quelque part dans le bois.

Rien n’a paru, Seigneur dans cette solitude,
Dit-elle, et nul ici que vous seul n’est venu ;
Mais n’ayez point d’inquiétude,
Je remettrai vos pas sur un chemin connu.

De mon heureuse destinée
Je ne puis, lui dit-il, trop rendre grâce aux Dieux ;
Depuis longtemps je fréquente ces lieux,
Mais j’avais ignoré jusqu’à cette journée
Ce qu’ils ont de plus précieux.

Dans ce temps elle voit que le Prince se baisse
Sur le moite bord du ruisseau,