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Ce n’est que vertu, que bonté,
Que pudeur que sincérité,
Mais sitôt que le mariage
Au déguisement a mis fin
Et qu’ayant fixé leur destin
Il n’importe plus d’être sage,
Elles quittent leur personnage,
Non sans avoir beaucoup pâti,
Et chacune dans son ménage
Selon son gré prend son parti.

L’une d’humeur chagrine, et que rien ne récrée,
Devient une Dévote outrée,
Qui crie et gronde à tous moments ;
L’autre se façonne en Coquette
Qui sans cesse écoute ou caquette,
Et n’a jamais assez d’Amants ;
Celle-ci des beaux Arts follement curieuse,
De tout décide avec hauteur
Et critiquant le plus habile Auteur
Prend la forme de Précieuse ;
Cette autre s’érige en Joueuse,
Perd tout, argent, bijoux, bagues, meubles de prix,
Et même jusqu’à ses habits.

Dans la diversité des routes qu’elles tiennent,
Il n’est qu’une chose où je vois
Qu’enfin toutes elles conviennent,
C’est de vouloir donner la loi.
Or je suis convaincu que dans le mariage
On ne peut jamais vivre heureux,
Quand on y commande tous deux ;
Si donc vous souhaitez qu’à l’hymen je m’engage,
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