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GRISELIDIS


NOUVELLE.


A Monsieur ***.


Si je m’étais rendu à tous les différens avis qui m ont été donnés sur l’ouvrage que je vous envoie, il n’y serait rien demeuré que le conte tout sec et tout uni ; et, en ce cas, j’aurais mieux fait de n’y pas toucher, et de le laisser dans son papier bleu, où il est depuis tant d’années. Je le lus d’abord à deux de mes amis. « Pourquoi, dit l’un, s’étendre si fort sur le caractère de votre héros ? Qu’a-t-on à faire de savoir ce qu’il faisait le matin dans son conseil, et moins encore à quoi il se divertissait l’après-dînée ? Tout cela est bon à retrancher. — Otez-moi, je vous prie, dit l’autre, la réponse enjouée qu’il fait aux députés de son peuple, qui le pressent de se marier ; elle ne convient point à un prince grave et sérieux. Vous voulez bien encore, poursuivit-il, que je vous conseille de supprimer la longue description de votre chasse. Qu’importe tout cela au fond de votre histoire ? Croyez-moi,