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vrit, et que la fée des Lilas, descendant dans un char fait de branches et de fleurs de son nom, conta, avec une grâce infinie, l’histoire de l’infante.

Le roi et la reine, charmés de voir que Peau-d’Âne était une grande princesse, redoublèrent leurs caresses ; mais le prince fut encore plus sensible à la vertu de la princesse, et son amour s’accrut par cette connaissance.

L’impatience du prince, pour épouser la princesse, fut telle, qu’à peine donna-t-il le tems de faire les préparatifs convenables pour cet auguste hyménée. Le roi et la reine qui étaient affolés de leur belle-fille, lui faisaient mille caresses, et la tenaient incessamment dans leurs bras ; elle avait déclaré qu’elle ne pouvait épouser le prince sans le consentement du roi son père : aussi fut-il le premier à qui on envoya une invitation, sans lui dire qu’elle était l’épousée ; la fée des Lilas, qui présidait à tout, comme de raison, l’avait exigé, à cause des conséquences. Il vint des rois de tous les pays ; les uns en chaise à porteur, d’autres en cabriolet ; de plus éloignés, montés sur des éléphans, sur des tigres, sur des aigles ; mais le plus magnifique et le plus puissant fut le père de l’infante, qui heureusement avait oublié son amour déréglé, et avait épousé une reine veuve, fort belle, dont il n’avait point eu d’enfant. L’infante courut au-devant de lui ; il la reconnut aussitôt, et l’embrassa avec une grande