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tous côtés que le chevalier Sanatio était arrivé avec des secrets merveilleux pour guérir toutes sortes de blessures les plus dangereuses et les plus envenimées. Aussitôt Bel-à-Voir envoya quérir le prétendu chevalier. Finette vint, fit le médecin empirique le mieux du monde, débita cinq ou six mots de l’art d’un air cavalier : rien n’y manquait. Cette princesse fut surprise de la bonne mine et des manières agréables de Bel-à-Voir ; et après avoir raisonné quelque tems avec ce prince au sujet des blessures de Riche-Cautèle, elle dit quelle allait quérir une bouteille d’une eau incomparable, et que cependant elle laissait deux boîtes qu’elle avait apportées, qui contenaient des onguens excellens propres au prince blessé.

Là-dessus, le prétendu médecin sortit ; il ne revenait point : l’on s’impatientait beaucoup de le voir tant tarder. Enfin, comme on allait envoyer le presser de revenir, on entendit des cris de petits enfans dans la chambre de Riche-Cautèle. Cela surprit tout le monde ; car il ne paraissait point d’enfans. Quelqu’un prêta l’oreille, et on découvrit que ces cris venaient des boîtes de l’empirique.

C’étaient en effet les neveux de Finette. Cette princesse leur avait fait prendre beaucoup de nourriture avant que de venir au palais ; mais comme il y avait déjà long-tems, ils en souhaitaient de nouvelle, et ils expliquaient leurs besoins en chantant