Page:Charles Perrault - Oeuvres choisies, édition 1826.djvu/245

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

corbillon pour en aller cueillir. La complaisance de cette princesse fut assez grande pour vouloir bien contenter ses sœurs : elle descendit, et leur rapporta de ces beaux fruits, qu’elles mangèrent avec la dernière avidité.

Le lendemain, il parut des fruits d’une autre espèce. Nouvelle envie des princesses ; nouvelle complaisance de Finette ; mais les officiers de Riche-Cautèle, cachés, et qui avaient manqué leur coup la première fois, ne le manquèrent pas celle-ci : ils se saisirent de Finette, et l’emmenèrent, aux yeux de ses sœurs, qui s’arrachaient les cheveux de désespoir.

Les satellites de Riche-Cautèle firent si bien, qu’ils menèrent Finette dans une maison de campagne où était le prince pour achever de se remettre en santé. Comme il était transporté de fureur contre cette princesse, il lui dit cent choses brutales, à quoi elle répondit toujours avec une fermeté et une grandeur d’ame digne d’une héroïne comme elle était. Enfin, après l’avoir gardée quelques jours prisonnière, il la fit conduire au sommet d’une montagne extrêmement haute, et il y arriva lui-même un moment après elle. Dans ce lieu, il lui annonça qu’on l’allait faire mourir d’une manière qui le vengerait des tours qu’elle lui avait faits. Ensuite ce perfide prince montra barbarement à Finette un tonneau tout hérissé par-dedans de canifs, de rasoirs et de clous