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LETTRE DE M. ALBERT ARNAVIELLE


Mon Vieil et excellent ami, mon frère en Gai Savoir, le poète languedocien Albert Arnavielle m’autorise à publier la lettre qu’il m’a spontanément adressée.

S’il s’y trouve des épithètes infiniment trop flatteuses et dont le lecteur clairvoyant fera justice avant même que je l’en prie, elle est d’un ton, elle est d’un trait parfaitement beau et pur. Cette lettre a la poésie, la passion, le bon sens de tout ce qui s’élève à l’état naturel de l’âme du peuple, du peuple actif, organisé.

Et cette lettre, je l’avoue, n’aurait rien perdu de son charme pour le plus grand nombre de nos lecteurs, si je m’étais borné à en donner quelque traduction approximative : on me pardonnera de publier aussi le texte en saine et ferme langue d’oc. Cette Enquête sur la Monarchie, qui touche à sa fin, a été un travail de piété nationale et de salut public : je l’ai consacrée, page à page, à la renaissance complète de l’antique patrie française. Qu’il me soit permis d’en dédier un petit espace aux puissances, aux vertus de ma patrie particulière, aux sonores beautés de la langue qui murmura autour de mon berceau. Peut-être ne serais-je ni royaliste, ni traditionniste, ni nationaliste, ni même patriote sans les enseignements donnés dans cette langue par le chant divin de Mistral. Aussi bien, Arnavielle est un de nos maîtres. Son nom, ses vers et ses discours qui retentirent tant de fois, avec honneur, auprès de Mistral, sont connus depuis le Médoc et les collines du Limousin jusqu’au delà du Rhône et même du Var, jusqu’aux Pyrénées et aux Alpes. De l’océan gascon à notre mer latine, ils ont été couverts d’applaudissements populaires.