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IV

LA VRAIE RÉPUBLIQUE

D’APRÈS MM. CLEMENCEAU, CHARLES HUMBERT, MESSIMY
ET PAUL BÉNAZET

On peut définir la vraie République par la domination des intérêts, passions, volontés des partis sur l’intérêt majeur du peuple français, sur son intérêt national, tel qu’il résulte des conditions de la vie du monde.

Quel est cet intérêt ? La défense de la paix, la garantie du territoire l’emportent sur tout. Autrefois on pouvait distinguer entre la nation et l’armée, la France et les hommes français. Hier plus qu’avant-hier, et demain plus qu’hier, dès vingt à cinquante ans, tout citoyen peut être mobilisé pour le champ du carnage. Il n’y a même plus d’âge ni de sexe qui le puisse soustraire aux effets universels d’une guerre moderne telle que la figurent les souvenirs et les prévisions. Service universel, risque universel. Dès lors, la plus pressante nécessité des Français coïncide avec la nécessité de la France, avec la première obligation de l’État, qui est de se tenir prêt à la conjoncture tragique. Tout le reste dépend de là, et ceux qui soutenaient de 1900 à 1912 que l’Armée, la Marine, la Diplomatie étaient des organes d’État condamnés à la désuétude et déjà périmés, ces écrivains, ces orateurs, ces politiques[1], sans avoir eu peut-être d’intentions mauvaises, ont une part, la part du meurtrier involontaire, au carnage quia mis en deuil le pays !

Si cela n’est pas contesté, tout Français et toute Française sachant lire sera sage de mettre dans sa bibliothèque ou dans

  1. Le plus naïf de ces malheureux a été très certainement M. Marc Sangnier. Voir, dans mon Dilemme de Marc Sangnier, ses étonnantes rêveries de 1905.