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ENQUÊTE SUR LA MONARCHIE

famille ou de société. On m’appelle Sire, on me donne de la Majesté impériale, sans que personne, dans ma maison, ait seulement eu l’idée que j’étais devenu, ou me croyais un autre homme. Tous ces titres-là font partie d’un système ; et voilà pourquoi ils sont nécessaires.

Il a trouvé étrange que j’eusse attribué le titre de Monseigneur à un certain nombre de places, et, par exemple, aux maréchaux de l’Empire ; et une foule de gens se récrient contre cela, comme contre une chose inutile et absurde. Vous-même, Monsieur Rœderer (en se mettant en face de moi), vous-même, vous ne me faites pas la grâce de me croire un peu d’esprit, une petite lueur d’esprit. Cependant, vous devriez voir pourquoi j’ai fait donner le Monseigneur aux maréchaux de France, c’est-à —dire aux hommes les plus attachés aux principes républicains ; c’était pour assurer à la dignité impériale le titre de Majesté. Ils se sont trouvés dans l’impossibilité de le refuser ou de le donner de mauvaise grâce, quand ils ont vu qu’ils recevaient eux-mêmes un titre considérable. Vous ne me faites pas la grâce de m’accorder un peu d’esprit et de bon sens. Hein ? N’est-ce pas, vous ne me croyez pas de jugement ? 1

« Vous ne me faites pas la grâce de m’accorder un peu d’esprit et de bon sens… N’est-ce pas, vous ne me croyez pas de jugement ? » Ce que Napoléon demandait si narquoisement à Rœderer, le genre humain tout entier, avec cette somme d’expériences qu’enregistre la tradition, pourrait le répéter aux petits personnages qui affectent le dédain des qualifications dont il ne voient pas la raison.

1. Journal de Rœderer, publié par Maurice Vitrac.