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II

DURÉE DE LA PREUVE

Entre la prévision de 1900 et son échéance de 1914 s’est étendu ce large espace de quinze années durant lesquelles un homme a le temps d’accomplir ses premières forces d’adolescent. Les conscrits qui avaient vingt ans le jour du premier ou du dernier coup de feu ont pu entendre leurs parents discuter de la menace que nous présentions alors comme l’inévitable effet de la démocratie. De tous ces jeunes survivants, mûris par une épreuve qui les a laissé mutilés, blessés, épuisés, beaucoup doivent se rappeler que nous étions presque les seuls à nous montrer tout à fait insensibles aux fallacieuses promesses de paix allemande comme aux rêveries du pacifisme français. S’il leur vient à l’esprit de récapituler nos vieilles instances pour replacer l’armée, la marine, la politique de défense nationale au premier rang des préoccupations du pays, ils doivent voir que le langage d’autrefois est condamné à peu varier aujourd’hui : l’attitude et la puissance de l’Allemagne ne varient pas, ni l’attitude ni la puissance des amis qu’elle a en France dans ce monde républicain qui revient aux doctrines que nous vîmes fleurir en 1900. La victoire n’a rien apporté de neuf Ici nous ne démarrons pas des maximes d’expérience qui sous les Rois gardaient la France et la défendaient, mais la Démocratie manifeste la même absence de vue pratique, elle s’attache aux mêmes visions mystiques, aggravées par les mêmes intérêts de caste et de clan qui ont découvert et démantelé la patrie !

Le souci jaloux de ses luttes intérieures détourne le démocrate du devoir de la lutte extérieure, à moins que le même souci ne l’y précipite dans des conditions également dange-