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DISCOURS PRÉLIMINAIRE
1900-1924

On réimprime ce vieux livre l’année même où son quart de siècle a été révolu, et sa longévité m’étonne, mais ne m’enchante pas. Elle accuse en effet la longueur de la crise et l’ignorance ou la méconnaissance du seul topique approprié. Deux ou trois générations d’hommes ont passé, et leurs derniers-nés sont réduits à étudier des critiques parues en l’an 1900 !

Ces générations ont assisté à l’un des plus grands événements de l’histoire, elles ont subi, vu ou fait cette guerre qui a déterminé tant de révolutions, détruit et construit tant d’États, après avoir consommé pour son usage direct près de quinze millions de vivants : et tous ces changements dans les êtres et dans les choses n’ont pas fait varier d’un iota le problème central de la vie publique française, sa faiblesse de direction !

Le Gouvernement républicain n’est pas affermi, loin de là. L’opposition n’est pas affaiblie, au contraire. Les termes du problème sont les mêmes, aggravés encore, et leur rapport n’a pas changé. La solution de fait est seule en suspens. En fait, on se demande toujours, et de plus en plus : Oui ou non, l’institution d’une monarchie traditionnelle, héréditaire, antiparlementaire et décentralisée n’est-elle pas de salut public ?

Les questions nouvelles ont abondé et surabondé : rien n’est survenu de nouveau qui altère la façon de poser et de raisonner celle qui les domine toutes. Les données d’aujourd’hui transparaissent, parfaitement lisibles, dans l’analyse exacte des bons vieux faits d’il y a vingt-cinq ans.