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« L’Association internationale doit mettre un terme à ce trafic odieux qui fait rougir notre époque[1]. »

Quelle entreprise donc pourrait être plus noble, plus humaine, plus chrétienne, plus glorieuse ! À elle seule elle suffit pour assurer à son royal auteur, une place parmi les plus grands bienfaiteurs de l’humanité et les princes chrétiens les plus dignes de ce nom.

Aussi, lorsqu’après le congrès de Berlin, les bases des nouveaux États de l’Afrique furent posées et l’État du Congo reconnu avec son immense étendue, ses brillantes espérances, les représentants des grandes puissances de l’Europe, de l’Angleterre, de la France, de l’Allemagne, furent-ils unanimes à lui rendre hommage, et la Belgique, le plus petit des royaumes européens par son étendue, parut ce jour-là, par l’initiative de son Roi, le plus grand, devant le monde entier.

C’est ainsi que la bonne semence fut jetée. Tout semblait devoir assurer une moisson sans mélange. Mais il en faut revenir maintenant à ma parabole. « Cum autem dormirent homines, » dit elle, « pendant que ses gens dormaient ».

Vous avez donc dormi, catholiques de la Belgique ! Vous n’avez pas donné, au point de vue religieux, à celui de la diffusion des lumières chrétiennes, de la lutte contre la barbarie, tout le concours qui était pour vous un devoir. Votre Roi ouvrait devant vous un pays soixante fois plus grand que le vôtre, peuplé, au minimum, de vingt millions d’âmes, au maximum, selon d’autres, de quarante millions. C’était donc un champ immense d’apostolat et de charité. Y avait-il un but, qui dut exciter davantage le zèle d’un peuple catholique ? Or, je le dis avec tristesse, dans cet ordre d’idées vous n’avez pas assez fait. Je sais bien que tous n’ont pas manqué à leur devoir. J’ai vu six dignes fils de votre Belgique se dévouer à ces pensées de foi ; je les ai vus tomber noblement martyrs de leur courage. J’ai vu quatre prêtres

  1. Le Roi des Belges. (Discours de novembre 1876.)