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ments européens qu’incombe le devoir de supprimer l’esclavage, dans cette Afrique dont ils se sont emparés, et que ce n’est qu’à leur défaut qu’il y faut employer les associations privées. Chez vous, c’est différent : vous êtes en présence de provinces qui agonisent, pour répéter la parole que je vous ai déjà dite, en vous parlant du Haut-Congo. Il faut donc leur venir sans retard en aide, et agir non pas demain, mais aujourd’hui, sous peine de voir tout périr. Du reste en répondant à cet appel, vous répondrez aux désirs de votre Roi, et non seulement à ses désirs, mais à ses lois mêmes. Il me suffira pour vous le prouver de vous lire ces doux articles de l’Acte Constitutif approuvé par Lui, à Berlin, pour la fondation de l’État du Congo, et accepté ensuite par toute l’Europe comme base de la Constitution des nouveaux États africains.

Voici l’article sixième de cet Acte fondamental.

« Toutes les puissances exerçant des droits de souveraineté ou une influence dans les dits territoires, s’engagent à veiller à la conservation des populations indigènes et à l’amélioration de leurs conditions morales et matérielles d’existence et à concourir à la suppression de l’esclavage et surtout de la traite des noirs : elles protégeront et favoriseront, sans distinction de nationalité ni de cultes, toutes les institutions et entreprises religieuses, scientifiques ou charitables créées et organisées à ces fins[1]. »

Et maintenant voici l’article neuvième, plus explicite encore quant à l’abolition obligatoire de l’esclavage.

« Conformément aux principes du droit des gens, tels qu’ils sont reconnus par les Puissances signataires, la traite des esclaves étant interdite et les opérations qui, sur terre ou sur mer, fournissent des esclaves à la traite

  1. Acte général de la Conférence de Berlin. Chap I, art.6.