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taient de plus en plus la corruption, en multipliant les appâts offerts à la cupidité.

Jusqu’à présent les sciences, en perfectionnant le luxe, n’avaient travaillé qu’au profit du fourbe, qui, dans les sociétés barbare et civilisée, arrive plus tôt à la fortune que l’homme véridique. Cette bizarrerie conduisait à opter entre deux opinions : ou la malfaisance de Dieu, ou la malfaisance de la Civilisation. Raisonnablement, l’on ne pouvait se fixer qu’à cette dernière opinion ; car il n’est pas possible de supposer Dieu malfaisant, et il le serait réellement s’il nous avait condamnés à végéter toujours dans la désastreuse Civilisation.

Les philosophes, au lieu d’envisager la question sous ce point de vue, ont cherché à éluder le problème que présentait la malice humaine ; problème qui conduisait à suspecter la Civilisation ou à suspecter Dieu. Ils se sont ralliés à une opinion bâtarde, celle de l’athéisme qui, supposant l’absence d’un Dieu, dispense les savants de rechercher ses vues, et les autorise à donner leurs théories capricieuses et inconciliables pour règle du bien et du mal. L’athéisme est une opinion fort commode pour l’ignorance politique et morale, et ceux qu’on a surnommés esprits forts pour avoir professé l’athéisme se sont montrés par là bien faibles de génie. Craignant d’échouer dans la recherche des vues de Dieu sur l’Ordre social, ils ont préféré nier l’existence de Dieu, et vanter comme perfection cet Ordre civilisé qu’ils abhorrent en secret, et dont l’aspect les désoriente au point de les faire douter de la Providence.