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verte merveilleuse viendra tout à coup dissiper les ténèbres de la Civilisation.

La Raison, quelque étalage qu’elle fasse de ses progrès, n’a rien fait pour le bonheur tant qu’elle n’a pas procuré à l’Homme cette fortune sociale qui est l’objet de tous les vœux ; et j’entends par fortune sociale une opulence graduée qui mette à l’abri du besoin les hommes les moins riches, et qui leur assure au moins pour minimum le sort que nous nommons médiocrité bourgeoise. S’il est incontestable que les richesses sont pour l’Homme social la première source de bonheur après la santé, cette Raison, qui n’a pas su nous procurer la richesse relative ou aisance graduée, n’a donc fait dans ses pompeuses théories que des verbiages inutiles qui n’atteignent aucun but ; et la découverte que j’annonce ne serait, comme les théories politiques et morales, qu’un nouvel opprobre pour la Raison, si elle ne devait nous donner que de la science, et toujours de la science, sans nous donner les richesses, qui nous sont nécessaires avant la science.

La Théorie des Destinées va remplir le vœu des nations en assurant à chacun cette opulence graduée, qui est l’objet de tous les désirs, et qu’on ne peut trouver que dans l’Ordre des Séries progressives. Quant à la Civilisation d’où nous allons sortir, je démontrerai que, loin d’être la Destinée industrielle de l’homme, elle n’est qu’un fléau passager dont la plupart des globes sont affligés pendant leurs premiers âges ; qu’elle est pour le genre humain une maladie temporaire, comme est la dentition pour l’enfance ; qu’elle s’est prolongée deux mille trois cents ans de