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Tous confessent l’inanité de leurs sciences et l’égarement de cette raison qu’ils ont prétendu perfectionner ; tous enfin s’accordent à dire avec leur compilateur Barthélemy : « Ces bibliothèques, prétendus trésors de connaissances sublimes, ne sont qu’un dépôt humiliant de contradictions et d’erreurs. »

Il n’est que trop vrai ! depuis vingt-cinq siècles qu’existent les sciences politiques et morales, elles n’ont rien fait pour le bonheur de l’humanité ; elles n’ont servi qu’à augmenter la malice humaine, en raison du perfectionnement des sciences réformatrices ; elles n’ont abouti qu’à perpétuer l’indigence et les perfidies, qu’à reproduire les mêmes fléaux sous diverses formes. Après tant d’essais infructueux pour améliorer l’ordre social, il ne reste aux Philosophes que la confusion et le désespoir. Le problème du bonheur public est un écueil insurmontable pour eux ; et le seul aspect des indigents qui remplissent les Cités ne démontre-t-il pas que les torrents de lumières philosophiques ne sont que des torrents de ténèbres ?

Cependant une inquiétude universelle atteste que le genre humain n’est point encore arrivé au but où la Nature veut le conduire, et cette inquiétude semble nous présager quelque grand évènement qui changera notre sort. Les nations, harassées par le malheur, s’attachent avidement à toute rêverie politique ou religieuse qui leur fait entrevoir une lueur de bien-être ; elles ressemblent à un malade désespéré qui compte sur une miraculeuse guérison. Il semble que la Nature souffle à l’oreille du genre humain qu’il est réservé à un bonheur dont il ignore les routes, et qu’une décou-